Départ en train
L’activité du jour consiste à partir de Corée en train. Je me rends donc à la gare avec une famille de 3 Suédois de notre groupe et une quinzaine de touristes d’autres groupes, qui logent dans le même hôtel que nous.
Sur le quai de la gare, j’assiste à des scènes habituelles d’au-revoir et de larmes. Nous partageons un des wagons de couchettes molles de ce train, quasi identiques aux trains de nuit chinois, avec les autres touristes, mais aussi avec des hauts gradés locaux et une troupe de sept enfants, en survêtement de l’équipe de DPRK, qui se rendent à une compétition internationale de patinage artistique à Manille via Beijing.
Le paysage le long de la voie est similaire à celui que nous voyions du bus : une campagne pauvre et sèche, cultivée à la main, avec des charrues en bois tractées par des boeufs ou de temps en temps des petits tracteurs maniant des charrues métalliques. Le klaxon fréquent du train laisse à penser qu’il chasse des voies les marcheurs habituels, sans doute peu habitués au passage de train.
Sur le trajet vers la frontière, nous sympathisons avec les petits patineurs, jeunes enfants espiègles de 10 à 15 ans, qui partagent la dernière place de leur compartiment avec un britannique. Nous les pervertissons à l’impérialisme en les faisant jouer sur nos iPhone, et je leur montre même des photos du Mexique, des Philippines (mais des photos de plongée, j’espère qu’ils ne s’attendent pas avoir cela à Manille !), du Vietnam, du Cambodge ou encore de HK.
À la la frontière
Les derniers kilomètres avant la frontière sont frappants. Au loin de la campagne ancestrale, se dessine une ligne de gratte-ciels impressionnante ! Nous arrivons enfin à la frontière, à peu près à l’heure prévue. Le nombre de militaires au mètre carré augmente, l’accès à la gare semble vraiment difficile, et le prise de photographies pour une fois vraiment compliquée.
Nous remplissons les formulaires habituels puis donnons nos passeports à un officier, qui ne m’a pas l’air d’être la personne la plus drôle que j’ai connue de mon existence. Dans la déclaration de douane, je coche que je possède un téléphone portable, quelques magazines et un GPS, pour être cohérent avec l’aller au cas où il le compare et au cas où ils fouillent les sacs et tombent sur mon petit boitier Polar, qui mesure la vitesse lorsque je cours. Normalement, les GPS sont autorisés en RPDC depuis quelques années au même titre que les téléphones, mais la nouvelle ne semble pas être arrivée jusqu’à Sinuiju puisque le garde est intrigué et me demande de sortir mon petit boîtier où est clairement inscrit GPS. Je lui explique que c’était uniquement pour mesurer la vitesse lors de la course du Mangyondae Festival, il le comprend mais reste perplexe, me demande de garder le GPS à portée de main et d’attendre. Il revient une dizaine de minutes plus tard, avec 4 autres compères en uniforme et avec plein d’étoiles aux épaulettes, dont un qui parle à peu près correctement anglais ; ils chassent mes compagnons de voyage et commencent à m’interroger sur ce fameux boîtier. Ils sont surpris que cela soit passé à l’arrivée puisque selon eux cela est interdit, mais je m’en sors finalement en soutenant mordicus que ce boitier ne fait qu’afficher la vitesse et ne retient en aucune mesure la position (ce qui évidemment n’est pas totalement vrai). Je dois donc remplir un nouveau formulaire en ne cochant pas la case GPS puis les quatre camarades me laissent avec le premier officier qui me fouille. Il trouve mon iPod, qu’il écoute (j’avais en plus quelques chants martiaux du pays dessus mais je crois qu’il est tombé sûr OVSG), puis me prend mon portefeuille et me confisque les quelques Won Nord-Coréens qui y étaient puisque les étrangers ne sont pas censés détenir cette monnaie. Heureusement, j’avais prévu le coup et avais disséminé quelques autres coupures dans mon sac à dos et dans ma valise.
De l'autre côté
Après 2h30 d’arrêt à la frontière, le train repart et traverse le pont qui sépare la Corée de Dandong la chinoise. Le contraste est saisissant ! À peine a-t-on traverse le pont qu’apparaissent gratte-ciel, foule, circulation dense, et échoppes en tout genre. Nos voisins enlèvent déjà leurs pin’s. On s’était habitue à Pyongyang, mais le changement subit, en l’espace de quelques centaines de mètres et une poignée de minutes, vers une société avec des embouteillages ,des klaxons, une foule dans la rue, de la publicité, de la diversité dans l’habillement nous renvoie violemment à la spécificité extrême de la Corée du Nord dans le monde actuel.
Un douanier chinois monte dans le train et nous donne un formulaire en même temps qu’il prend le passeport : il faut donc connaitre ou avoir note ses numéro de visa et passeport. Tout se passe sans souci de ce côté, notre train s’accroche à des wagons chinois et on attend le départ une grosse heure après avoir récupère nos passeports tamponnes (je suppose que cet horaire est supposé laisser de la marge aux formalités de l’autre côté de la frontière).
Je regarde une dernière fois le pont, des publicités sont disposées de part et d’autres de la voie jusqu’au milieu du pont, de l’autre côté il n’y a pas un gratte-ciel, heureusement une grande statue de Mao nous salue, pour tenter de ne pas nous dépayser trop vite.
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